La fin de l’année 2018 avait annoncé la couleur. Le 29 septembre, lors du 125e congrès national des sapeurs-pompiers à Bourg-en-Bresse, Gérard Collomb, alors ministre de l’intérieur, avait conclu les interventions en présentant 37 mesures dédiées aux pompiers volontaires. Ce « plan d’action pour le volontariat » annonçait la mise en place de la moitié de ces actions-clés, dès le début d’année 2019. Les 18 autres s’étaleront jusqu’en 2021. Il faisait suite au rapport qui avait été adressé en mai 2018 au ministre sur l’avenir de cette spécificité française. Les transformations ainsi préconisées ont pour but de susciter plus de vocations, mais aussi d’améliorer le quotidien des sapeurs-pompiers volontaires (SPV), tout en permettant une meilleure utilisation des outils aujourd’hui à disposition des équipes à tous les niveaux de l’organisation.
« Pour attirer et fidéliser, la gestion RH doit se moderniser à tous les étages »
Parmi les axes clés de ces transformations en cours, on notera en effet la volonté de « créer un choc de recrutement » en adressant à la fois les sujets de la communication et de la gestion RH des entités. Pour attirer de nouveaux SPV et les fidéliser, cette dernière doit en effet se moderniser à tous les étages, que ce soit sous l’angle de la formation, du management, de la gestion des emplois du temps ou encore à travers la mise en uvre du compte personnel de formation (CPF). En la matière, en 2019, les SDIS seront concernés comme de nombreux autres acteurs par la prise en compte des 6 sujets clés des services RH de demain.Mais la volonté de transformation dépasse les seuls SPV. En effet, le 25 octobre, Christophe Castaner, venant tout juste de succéder à Gérard Collomb place Beauvau, a eu l’occasion de détailler le budget des missions « Sécurités » de son ministère. Il a ainsi précisé à la commission des Lois de l’Assemblée nationale qu’en matière de sécurité civile, le budget 2019 serait de 473 millions d’euros, en augmentation de 1,5%. Au c’ur de ces moyens, un triple axe d’investissement pour faire face aux enjeux de modernisation des SDIS : « Nous poursuivons l’équipement des départements en systèmes d’alerte des populations, nous continuons à raccorder les nouveaux SDIS au programme Antares et nous engageons la phase opérationnelle du chantier du système unifié de gestion des appels d’urgence Nexsis » a détaillé le ministre. Le projet de loi de finances 2019 pour la sécurité civile fait donc état de transformations de fond dont les sapeurs-pompiers doivent rapidement s’emparer et de façon pérenne.Cette suite de déclarations a été regardée de près par tous les acteurs du secteur, car la transformation des SDIS ne se limite pas à quelques annonces médiatiques sur les investissements et l’usage de nouveaux véhicules connectés ou de drones en opération, loin de là. Les établissements doivent faire face à des évolutions réglementaires qui touchent toutes les parties prenantes du secteur public. Ils doivent ainsi investir dans des outils pour tirer le meilleur parti du numérique, y compris pour leurs sujets de gestion financière ou RH, au quotidien. Comme tous les acteurs publics, les SDIS sont en effet confrontés aux 3 grands défis transverses de la transformation : mieux collaborer, piloter plus finement et faciliter les échanges.Or, depuis 1996 et le passage au pilotage départemental, les frictions autour des sujets de gestion et de pilotage ont souvent été perçues de façon douloureuse par les SDIS. Le nombre de leurs interventions est en effet en forte hausse depuis des années, en particulier pour les questions de secours à la personne, alors qu’en face les budgets des acteurs territoriaux subissent de très fortes pressions. Les investissements des SDIS sont en effet directement concernés par les contraintes vécues par leurs tiers financeurs.
« L’anticipation de la DSN est une occasion privilégiée de fédérer les énergies et les moyens »
Cette situation, qui n’est pas nouvelle, fait cependant de 2019 une année clé pour tirer le meilleur parti des évolutions en cours, à plusieurs niveaux. Tout d’abord, les mutualisations entre les établissements qui se sont multipliées ces derniers mois pour trouver des réponses en termes d’efficacité et de moyens, peuvent être un excellent moyen d’accélérer d’autres transitions, par exemple au niveau des outils informatiques. L’harmonisation de ces derniers peut en retour être un facteur majeur de fluidification des échanges et des collaborations.Ensuite les anticipations des grands sujets réglementaires, comme la DSN, sont des occasions privilégiées de réinventer des fonctionnements, entre nouveaux outils numériques, nouvelle organisation et nouveaux processus, pour gagner en efficacité. Il s’agit en effet de fédérer les énergies ? et les moyens ? qui sont consacrés à des sujets prioritaires, du fait de l’échéance claire du 1erjanvier 2020. Typiquement, la DSN a une vocation de simplification. A condition d’aborder le sujet étape par étape, avec le bon niveau d’expertise légal fournie par son éditeur de logiciel notamment, cette étape de transformation sera donc facilitatrice pour d’autres chantiers, demain.Il en va de même avec les impératifs de dématérialisation. Celle liée aux marchés publics est devenue une réalité obligatoire depuis le 1er octobre 2018, mais les avantages de cette évolution vont pouvoir s’observer plus fortement en 2019, alors que les établissements ont pris leurs marques. Des flux dématérialisés permettent en effet de fiabiliser, automatiser et accélérer de nombreuses interactions et opérations dans une organisation. Mais la dématérialisation permet aussi de faire émerger une « culture dématérialisée » auprès des équipes, qui ouvre les portes d’autres transformations plus rapides avec le numérique.L’année 2019 présente donc aux SDIS de nombreux changements, qu’ils soient réglementaires ou de pratiques. Et la clé du succès pour ces transformations sera bien de faire de contraintes apparentes des opportunités pour améliorer les services de la sécurité civile et du secours aux personnes.