Si une grande majorité reconnaît ne pas avoir de stratégie digitale formalisée, les raisons invoquées sont surtout budgétaires et politiques, plutôt que dues à une méfiance vis-à-vis du numérique. Elles notent évidemment que les réformes institutionnelles et territoriales successives, complexifient la mise en place de stratégies cohérentes dans le temps sur les territoires concernés. Pour autant, le numérique est vu comme un facteur majeur pour à la fois améliorer la vie de leurs citoyens et l’attractivité du territoire.Or, cette vision centrée sur l’impact sur un territoire au sens large plutôt que sur seulement une organisation, met d’autant plus en évidence les manques à combler pour les intercommunalités et d’autres acteurs transversaux comme les métropoles. Au premier rang de ces défis à relever : le renforcement de cette transversalité sur les sujets numériques, justement. Les organisations manquent massivement de compétences transverses sur les questions numériques des territoires, ou de pôles clairement constitués sur les sujets les plus ambitieux comme la smart city (moins d’un quart d’entre elles en sont dotées, seulement 11 % si l’on exclut les métropoles). Les silos persistent encore énormément et les partages de données et d’informations en dehors de ces sphères restent un point de difficulté fondamental, auquel la dématérialisation commence tout juste à répondre.
Les collectivités ont confiance dans le numérique, mais attendent une adaptation des formations et de l’organisation
Même au-delà des intercommunalités et des métropoles, ces questionnements sont omniprésents pour tout le secteur. Le Baromètre du numérique dans les collectivités, réalisé par eksaé avec la Gazette des Communes fin 2018, confirme ainsi l’engouement pour le numérique des agents et élus : 91 % se déclarent favorables à la transformation numérique dans leur collectivité et 69 % ne sont pas inquiets pour l’avenir de leur métier avec le développement du digital. Un agent sur deux constate même un plus grand intérêt des missions qu’il exerce, grâce à la transformation. A un niveau plus « macro », l’intérêt d’une stratégie numérique pour l’attractivité de tout le territoire est également massivement reconnu par les responsables interrogés, que ce soit du point de vue des élus (80 %) ou des agents (73 %). Le frein principal à la mise en place de ces stratégies est là aussi identifié comme budgétaire avant tout.Les personnes interrogées lors de ce Baromètre sont assurées par les nouveaux liens établis avec leurs prestataires et la capacité de ceux-ci à se positionner comme des partenaires pour les accompagner, à travers les outils qu’ils fournissent : 72 % jugent en effet cet accompagnement adapté et sécurisant. Une confiance importante alors qu’un quart des agents utilisent au quotidien pas moins de 7 plateformes ou logiciels métiers !Le top 3 des axes d’amélioration du chantier de la digitalisation, exprimés par les personnes interrogées, est également cohérent avec les chiffres relatifs aux intercommunalités et métropoles. Le Baromètre du numérique dans les collectivités de eksaé-La Gazette des Communes met en effet sur le podium la formation au digital, l’accès à plus d’équipements numériques, et enfin une organisation plus adaptée aux nouveaux enjeux de la digitalisation. Des pistes qui présagent un rôle important à jouer par les prestataires et notamment les éditeurs de logiciels travaillant avec les organismes publics.*Etude de l’Association des directeurs généraux des communautés de France (ADGCF) menée en juillet 2018 avec Orange Business Services et Bearing Points.