Des vertes et des pas mûres. Celui ou celle qui a déjà porté la casquette de scrutateur lors d’un dépouillement le sait : certains citoyens profitent des élections pour faire passer des messages, avec colère, humour, en usant même parfois de leur talent artistique… Au-delà de l’effet de surprise, est-il judicieux de conserver ces bulletins de vote considérés comme nuls ? Nos conseils pour exploiter au mieux les bulletins blancs et nuls après la période électorale.
« Voter blanc, ça ne sert à rien »
Beaucoup de citoyens considèrent encore qu’il vaut mieux s’abstenir d’exercer leur devoir citoyen plutôt que de voter blanc. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir communiqué sur la différence entre ces deux démarches.
Si l’abstention peut évoquer un profond désintérêt, le vote blanc traduit quant à lui l’incapacité de l’électeur à donner son soutien à un(e) candidat(e). Il apparaît en effet peu probable qu’il s’agisse d’un zèle de protection environnementale visant à économiser un morceau papier !
Connaître le taux de votes blancs permet ainsi d’évaluer le pouvoir d’adhésion de l’ensemble des personnalités politiques éligibles. Aussi, un taux important traduit un réel décalage entre les attentes des citoyens et les propositions des différents partis.
« Je vote car j’ai des choses à dire »
Alternative courante, le vote nul portant la voix de l’électeur. Aucun candidat n’est visé par une critique spécifique, mais l’électeur inscrit une revendication personnelle : mesure à adopter dans l’urgence, constat d’un échec politique…
Ce type de bulletin peut être intéressant à archiver. En effet, il reflète une opinion personnelle qui n’a pas trouvé écho auprès des candidats en lice. Il peut évidemment s’agir d’une affirmation ou d’une requête farfelue, mais également d’une piste de réflexion qu’il convient de ne pas négliger.
A l’heure où de nombreux abstentionnistes revendiquent le fait de ne pas se sentir écoutés, ce type de vote nul véhicule une opinion qu’il n’est pas toujours facile à recueillir.
« Je donne ma voix à celui qui a su l’entendre »
Autre type de vote nul, celui que l’on qualifie de ‘vote partisan’. Il peut s’agir d’un bulletin soutenant une personnalité n’étant pas candidate, ou encore de deux bulletins insérés dans une enveloppe simultanément.
Lorsque ce type de vote reste très marginal, il reste peu intéressant, mais une vague plus importante traduit un réel sentiment de frustration de la part de l’électorat.
« J’exprime mon indignation, mon mépris, mon sens de l’ironie… »
Enfin, dernière catégorie de vote nul, le vote « expressif » visant à critiquer ouvertement le système, un parti, un ou une candidat(e)… Les exemples sont nombreux et ce type de vote n’a pour seules limites la taille de l’enveloppe et l’imagination de l’électeur :
- gribouillis ou insultes ajoutés sur un bulletin nominal,
- bulletin remplacé par une feuille de papier toilette,
- dessins explicites…
Ainsi, l’élection présidentielle de 2022 a enregistré 0,5 % de votes nuls, dont des voix pour Volodymyr Zelensky, Thomas Pesquet… et même le beurre demi-sel [1] !
Dans certains pays où voter est une obligation et où l’abstention est punie par une amende, ce type de phénomène peut se rencontrer plus fréquemment.
Archiver ou détruire, il faut choisir
Le vote est passé. Que faire du matériel utilisé pendant l’élection ? La loi peut déterminer des périodes de conservation. A défaut de directive précise, c’est à l’organisme électoral qu’il incombe d’établir un calendrier de destruction du matériel électoral.
Il est indispensable d’adopter des méthodes fiables pour éliminer le matériel électoral comptabilisé, ou celui contenant des informations personnelles concernant les électeurs ou préposés. Evidemment, le matériel doit être conservé suivant un laps de temps incompressible, correspondant à l’éventualité d’une contestation. Si un nouveau dépouillement ou des actions de vérification venaient à prendre place, le matériel doit pouvoir être mis à disposition.
Aussi, les bulletins nuls peuvent être intéressants à conserver pour des raisons historiques ou à des fins sociologiques (mieux comprendre l’opinion qui animait les citoyens à l’époque d’un scrutin). Des informations pertinentes pourraient être relayées dans le cadre d’élections communales, par exemple, même s’il est regrettable que les citoyens n’aient pas souhaité faire entendre leur voix d’une manière plus conventionnelle…. Mais l’archivage n’est pas si simple.
En effet, suivant les cas, la commune doit transmettre à la préfecture, sous-préfecture ou au bureau centralisateur les bulletins déclarés blancs ou nuls (accompagnés du procès-verbal de l’élection) [2]. Pour rappel, depuis la loi du 21 février 2014, les bulletins blancs sont décomptés séparément des votes nuls et annexés en tant que tels au procès-verbal dressé par les responsables du bureau de vote.
L’archivage s’établit donc au niveau départemental. Plusieurs critères doivent être alors appréciés : intérêt de la conservation d’un bulletin, place disponible, modalités spécifiques suivant le type d’élection… Dans tous les cas, les réseaux sociaux verront fleurir au printemps les publications relayant des bulletins de vote nuls insolites. On parie que l’originalité sera encore de mise cette année…
Aussi, Eksaé a pensé un logiciel nouvelle génération, intégrant de multiples modules : élection, recensement, multifacturation…